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15/02/19 | Etat des Lieux Egalité
Conformément à la loi relative à l’égalité et la citoyenneté du 27 janvier 2017, le Haut Conseil à l’Égalité a rendu public, le 17 janvier dernier, un premier état des lieux du sexisme en France. Celui-ci est édifiant et conforte l’ensemble des acteur·rice·s impliqué·e·s dans le champs de l’égalité sur la poursuite de leurs combats.
Le rapport du HCE a choisi de porter son attention autour de deux phénomènes de sexisme ordinaire : l’humour et les injures. Faits souvent minorés, banalisés, qui contribuent cependant à “consolider l’entre-soi masculin, à entretenir un climat d’hostilité contre les femmes et entre femmes elles-mêmes, à dévaloriser l’image que les femmes ont d’elles-mêmes, à renforcer les stéréotypes de sexe, et ainsi à légitimer les inégalités” (Cf. Rapport du HCE, p.5).
Tandis que les manifestations de sexisme ne semblent pas diminuer (4 femmes sur 10 se disent victimes) la quasi absence de recours en justice, et la faiblesse des procédures entamées, (1 femme sur 35 dépose plainte, 17% de ces plaintes aboutissent à une condamnation) semblent d'autant plus criantes. Autre fait saillant de l'étude : la violence des insultes utilisées (« salope », « putes » pour les plus récurrentes), et la menace physique ne sont pas des leviers vers le dépôt de plainte. Ainsi, même lorsque la sécurité physique de la victime est ébranlée, le recours à la justice reste de l'ordre de l'exception.
50% des supports analysés par le HCE utilisent le sexisme comme ressort humoristique. Ce qui semble faire rire 1 homme sur 3 quand moins d’une femme sur 7 esquisse un sourire…
Danielle BOUSQUET, Présidente du HCE a rappelé que “le sexisme, n’est pas une fatalité et ça n’a rien de naturel. C’est une idéologie mortifère qu’il faut combattre avec vigueur”.
Si la dénonciation des agressions sexistes est en nette progression, notamment suite au mouvement #MeToo ; que la prise de conscience semble se diffuser et tend à se généraliser (83% des français·e·s pensent que les femmes subissent des injustices et des violences, chiffre en nette progression chez les hommes) ; en matière de sexisme, c’est encore l’impunité qui semble prévaloir, au regard de la faiblesse des condamnations.
Ainsi, le HCE propose un plan, autour de 5 points clefs :
• Mieux mesurer le sexisme, par le financement d'une enquête d'opinion annuelle, qui interroge notamment chacun.e sur les actes sexistes dont il ou elle est l'auteur ;
• Faire reculer le sexisme en permettant de mieux le repérer, par des campagnes de sensibilisation, la formation des professionnel.le.s, en particulier des médias, des arts et de la communication et par la reconnaissance d'une journée nationale contre le sexisme ;
• Faire reculer le sexisme en condamnant davantage les auteurs. Cela implique la formation des professionnel.le.s de la sécurité et de la justice ;
• Accompagner les victimes de sexisme en renforçant les financements des associations qui les accompagnent ;
• Garantir une action publique exempte de tout sexisme : allocation des financements publics dans une perspective d'éga-conditionnalité, diplomatie féministe (notamment à court terme par la promotion des droits sexuels et reproductifs des femmes dans le cadre du G7) et lutte contre le sexisme dans toutes les politiques sectorielles, y compris contre le cyberharcèlement et les discours de haine en ligne.
Pour aller plus loin :
http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/cp_sexisme.pdf
http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_etatdeslieux-sexisme-vf.pdf