Un activateur d'égalité réelle

La responsabilisation des auteurs de violences conjugales à l'épreuve de leurs stratégies de contestation des décisions pénales

02/11/23 |  ,

La responsabilisation des auteurs de violences conjugales à l’épreuve de leurs stratégies de contestation des décisions pénales

Disponible sur Cairn.info, une étude de Marine Delaunay,chercheure post-doctorante au sein de l’équipe Genvipart depuis 2020.

Une étude de Marine Delaunay, auteure d'une thèse soutenue à l'Université de Bordeaux en 2019 intitulée:  » Les violences entre partenaires intimes : De l'indignation politique et morale aux pratiques routinières des institutions pénales. Une comparaison entre la France et la Suède ». Ce travail a reçu le second prix de thèse de l'Institut des Hautes Etudes du Ministère de l'Intérieur en 2021.

 

extrait 1

Les tribunaux et les structures para-pénales mesurent l'efficacité des stages à partir des taux de récidive légale et observent généralement un faible pourcentage de réactivation des dossiers de ces stagiaires. La fiabilité de ce dispositif soulève toutefois un certain nombre de questions.
Pour certains chercheurs d'abord, considérer la cessation des violences comme un indicateur de succès ignore la complexité du phénomène (Buchbinder, Eisikovits, 2008). Cette pratique occulte les comportements violents à caractère sexiste, moins objectivables, et confine le problème des violences à ses seules manifestations conjugales. Ensuite, les taux de récidive légale sont fonction des modes d'enregistrement et de gestion du flux des procédures. En l'occurrence, ils mesurent la réitération des faits dans les cinq années qui suivent la première infraction, ce qui peut sembler suffisamment long pour éloigner le cas des violences systématiques, et en même temps relativement court pour considérer comme acquise la transformation des représentations problématiques.

 

extrait 2

Dans le récit qu'ils font du passage à l'acte, les stagiaires interrogés circonscrivent les violences exercées dans leurs manifestations et leurs conséquences. Le passage à l'acte est introduit comme un événement imprévisible au regard de leur personnalité qu'ils construisent en opposition. Il s'agit d'un « coup de colère » ou encore une «perte de contrôle »,l'aboutissement d'un processus pressurisant au cours duquel les auteurs de violences ont tenté de contenir leurs émotions en vain (Edin et al.,2008). Ce recul soudain d'agentivité est présenté comme une bascule qui se fait en deux temps. Il opère d'abord un déplacement de la responsabilité du passage à l'acte de l'individu aux circonstances. Il signifie que le discernement des auteurs de violences est altéré par les stimulations
extérieures.

exemple : Je ne dis pas que c'est bien de taper les femmes ou les autres. Et c'est pas pour me dédouaner, mais dans les circonstances que j'ai affrontées, je mets quiconque au défi de réagir autrement. (Geoffrey, 34 ans)

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