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20/12/23 | art
Comment expliquer cette banalisation de la pratique artistique féminine professionnelle au XIXe siècle ?
Un passionnant article de Martine Lacas publié dans l’ENCYCLOPÉDIE D'HISTOIRE NUMÉRIQUE DE L'EUROPE
extraits
Représentant 9 % des exposants dans les salons révolutionnaires, le nombre de peintres femmes atteint 20 % au milieu des années 1830.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, elles représentent 5,3 % des exposants de la section Peinture en 1863, 9 % en 1870 et 15,1 % en 1889.
(…)
Dans le XVIIIe siècle prérévolutionnaire, la célébrité des artistes femmes tient au caractère d'exception de leur pratique, en minorité numérique. Le partage hiérarchisé des rôles et des capacités, fondé sur la distinction « naturelle » entre les sexes, les hisse au rang de « femmes exceptionnelles ». À cette distinction s'ajoutent celles liées au modèle aristocratique, à la curialisation de la société et à la centralisation du pouvoir : la constitution d'une élite artiste, un idéal de l'art dont les académies royales sont les gardiennes et les puissants les destinataires, et enfin son appropriation par les classes socialement privilégiées.
Les peintres femmes de renommée, comme Thérèse Vien ou Élisabeth Vigée Le Brun, voire d'ampleur européenne comme l'Autrichienne Angelica Kauffmann, l'Italienne Rosalba Carriera, ou la Prussienne Anna Dorothea Therbusch, produisent pour une clientèle restreinte des œuvres auxquelles le grand public n'a pas accès.
Leur succès masque la réalité la plus commune du métier tous sexes confondus : une profession encadrée par la corporation, une formation et une activité de type familial, une diffusion d'envergure limitée et le plus souvent locale. Au sein des ateliers familiaux, épouses et filles comptent parmi les membres actifs dont le nom s'efface derrière celui du maître. (…)