Un activateur d'égalité réelle

« Les mains épuisées » : l’exposition qui remet en lumière le combat des femmes au travail

13/08/25 |  , ,

"Les mains épuisées" : l'exposition qui remet en lumière le combat des femmes au travail

À travail égal, peine double : l’histoire oubliée des ouvrières du XIXe siècle.

Et si l'histoire du travail des femmes n'était pas seulement une question de faits, mais une blessure encore ouverte ?

On pense souvent que les inégalités professionnelles sont une affaire moderne, liée aux écarts de salaires, au plafond de verre ou à la charge mentale. Pourtant, leurs racines s’ancrent bien plus loin, dans une mémoire collective forcée à l’invisibilisation. C'est cette mémoire que l'exposition Les mains épuisées, présentée à l'hôtel d'Émonville d'Abbeville dans le cadre du Festival Résonances, tente de réveiller. En donnant plume et crayon à deux hommes du XIXe siècle, cette initiative culturelle rappelle combien les femmes ont été les grandes oubliées du progrès industriel.

L'industrie textile, fil conducteur des inégalités
À partir du XIXe siècle, des milliers de femmes quittent leurs campagnes pour devenir ouvrières, principalement dans l'industrie textile. Elles entrent dans les usines avec l'espoir d'une autonomie, d'un salaire, d'un avenir. Mais ce déplacement marque le début d’un nouveau type d’exploitation : longues journées, salaires dérisoires (souvent divisés par deux par rapport à leurs collègues masculins), et conditions de vie précaires. C’est ce que montre l’exposition : un passé qui ressemble étrangement à certains visages du présent. Un système structuré sur l'inégalité, dans lequel le travail des femmes est indispensable mais sous-payé, ignoré et méprisé.

Une exposition signée par deux talents masculins et féministes
Jacques Boucher de Perthes (préhistorien) est un précurseur de la dénonciation des inégalités de genre. En 1830, il alerte déjà sur la détresse des ouvrières et dénonce un système inégalitaire « ces femmes ont des régimes alimentaires qui ne valent pas celui d’un chien de bonne famille« . Plus qu’un observateur, M. Boucher de Perthes décide de léguer des fonds pour récompenser les ouvrières les plus méritantes à travers la France entière.

Antoine Marius Martin renforce les mots avec ses dessins. L’artiste capture la fatigue, l’usure, mais aussi la dignité de ces travailleuses. Un crayon qui reflète le quotidien, comme le résume Marie-Noé Hue, responsable des fonds patrimoniaux : « C’est un artiste original qui observe la vie des petites gens« .

En reprenant un vers des Chants du crépuscule de Victor Hugo pour son titre, l'exposition mélange l’art, la littérature et l’engagement. Une initiative culturelle forte, qui allie mémoire historique et enjeux contemporains.

📍 Les mains épuisées, jusqu'au 23 août 2025, Hôtel d'Émonville, Abbeville (Somme).

(Source + Crédits Photos)

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