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Les performances des sportives à l'épreuve de leur sexe

19/12/22 |  

Les performances des sportives à l’épreuve de leur sexe

Dès leurs premières participations à des compétitions durant le XXème siècle, le sexe de certaines sportives a été questionné. D'où la mise en place de contrôle de sexe à partir des années 80. À l’approche des Jeux Olympiques de 2024, il est intéressant de se pencher sur les catégories de sexe et de genre qui régissent les différentes disciplines sportives.

Extrait de l’article 50/50 magazine

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À l'approche des Jeux Olympiques de 2024, il est intéressant de se pencher sur les catégories de sexe et de genre qui régissent les différentes disciplines sportives. À cette occasion, la chercheuse Anaïs Bohuon propose un séminaire intitulé Le genre et le sexe de la performance sportive. Un bouleversement des catégories ? La première séance, nommé “Les jeux olympiques à l'épreuve de la bicatégorisation sexuée : sexe, genre et testostérone”, s'est tenue le 24 novembre à la faculté de médecine du Kremlin-Bicêtre. Elle portait sur le taux de testostérone qui a été utilisé ces dernières années comme référentiel pour admettre ou non une sportive dans les compétitions féminines, notamment en athlétisme. (…)

La première édition des Jeux Olympiques modernes a lieu en 1896, à l'initiative du baron Pierre de Coubertin qui s'oppose à la participation de femmes. Elles arrivent toutefois à se faire une place dans cette compétition internationale au fil du temps, mais il faut attendre 1928 pour que les sportives soient officiellement admises aux Jeux Olympiques. Par ailleurs, les Jeux Olympiques de Paris en 2024 seront les premiers à proposer un nombre égal d'épreuves féminines et masculines, presque un siècle après les premières épreuves féminines officielles.

Par ailleurs, si les femmes sont parvenues à intégrer les Jeux Olympiques, elles ont fait face à certains obstacles, notamment la remise en cause du sexe de certaines sportives . En effet, dès les années 30, leur physique est questionné. Lorsqu'elles sont trop musclées, trop poilues ou qu'elles n'ont pas assez de poitrine, leur sexe est remis en cause.

Mais ces interrogations reposent également sur certaines performances jugées anormales. Cela motive le développement de tests de féminité à partir des années 60 dans le cadre de compétitions d'athlétisme. Ces tests sont un exemple du traitement différencié entre les sportives et les sportifs. Si la performance masculine est encouragée et valorisée, les femmes peuvent voir leur sexe questionné lorsque leur performance dépasse des normes qui semblent arbitraires.

En 1966, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) met en œuvre les premiers « contrôles de sexe » par tirage au sort à l'occasion des championnats d'Europe d'Athlétisme de Budapest. À cette époque, certaines sportives sont soupçonnées d'être des hommes. Ils se feraient passer pour des femmes afin d'obtenir des médailles. Ces contrôles sont donc mis en place pour lutter contre la fraude sur le sexe. Les premiers tests reposent sur des examens morphologiques et gynécologiques afin de déterminer le sexe des sportives/sportifs. À partir de 1968, le Comité international olympique (CIO) impose ces tests aux sportives. Il s'agit cette fois de tests cytologiques du corpuscule de Barr qui visent à identifier la présence d'un deuxième chromosome X, qui viendrait valider la féminité selon les normes établies par le CIO. En 1992, les tests cytologiques sont remplacés par des tests génétiques qui ont cette fois pour objectif d'identifier la présence de chromosome Y. Les résultats de ces différents tests permettent ainsi aux sportives d'obtenir un certificat de féminité, qui donne accès aux compétitions.

Une affirmation de la bicatégorisation de sexe
Toutefois, des doutes sur la fiabilité de ces tests, qui ne serait que de 60 à 70% et pourrait induire des faux positifs comme des faux négatifs, conduisent le CIO et l'IAAF à changer une nouvelle fois de méthode après une période où les tests n'avaient plus cours. Dès 2011, c'est le taux de testostérone qui devient le référentiel pour valider ou non la participation de sportives aux compétitions internationales.

On passe alors du « contrôle du genre » aux « nouveaux règlements relatifs à l'hyperandrogénisme ». Les sportives sont donc contraintes d'effectuer des tests hormonaux à partir de cette période. L'idée sous-jacente est que le taux de testostérone serait ce qui conditionne les différences entre les performances masculines et féminines.  (…)

 

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