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30/10/25 | Chronique de Lucie
(Pop Culture)
Récemment (ce matin, hier), je suis tombée sur des actualités concernant deux artistes féminines. Taylor Swift a sorti son nouvel album, le 13ème – avec un nombre d’écoutes déjà plus élevé que le nombre d’habitants de l’arrondissement parisien ; et Zaho de Sagazan a interprété sa chanson « Danse » avec fougue, en dansant – donc.
Si l’on s’arrête à ces deux actualités, tout va plutôt bien. Deux musiciennes exercent leur métier passion, avec suffisamment de talent pour qu’il leur octroie rémunération. Je peux continuer ma petite vie tranquillement. J’ai souri, je suis contente, est-ce-que je n’irais pas maintenant voir sur l’internet dans combien de temps sortira Avatar 3 au cinéma ?
Mais, grand dam, voilà que finalement, j’ouvre la section commentaires de ces deux publications.
Femme, tu ne chanteras point tes péchés.
Taylor (j’abrège sans le nom de famille, ça nous donne un lien intime, une familiarité – Taylor, si tu lis ça, n’oublie pas de ramener le dessert pour le brunch de dimanche), est critiquée sur à peu près l’intégralité de son projet. Trop optimiste. Pas assez larmoyant (cette audacieuse a eu le cran de tomber amoureuse et de l’exprimer avec joie et gaieté). Aussi, son titre « Wood », est vulgaire ! Vulgaire, puis malvenu, et abject, à y être ! Comment ça, une femme, écrit et chante son désir en maniant avec agilité et métaphores la langue de Shakespeare ? (Shakespeare, lui, n’aurait sûrement jamais été épinglé s’il avait fait de Roméo un infidèle et de MacBeth un homme consumé par ses pulsions… oh, … wait..!?..).
D’ailleurs, tu ne chanteras pas du tout.
Zaho (Zaho, si tu lis ça…), elle, crée polémique pour oser danser en live sur sa chanson… : « Danse ». […]
Une vidéo devenue virale qui ouvre la porte à une multitude d’énigmes : Pourquoi tant d’énergie déployée sur scène ? Pourquoi tant d’interprétation, de vigueur ? Et comment laisse-t-elle son corps s’exprimer autant (sans précision, avec un tel lâcher-prise) ? Sorcière ! Créature étrange, anomalie ! C’est gênant, ça dérange. Il semblerait qu’elle ait oublié sa pudeur, son élégance, son devoir de discrétion en tant que femme.
Deux femmes lynchées. Pour avoir performé.
Rien. Que. Ca.
Et si on laissait (enfin) les femmes tranquilles ? Juste, en paix ? Au contraire de leurs homologues masculins, les artistes, femmes, subissent critiques et jugements au quotidien. Exposées en tout lieux en tout temps, même derrière leur écran ; rien ne fait visiblement barrière entre elles et le harcèlement.
Faut-il donc demander explicitement à chacun et chacune d’écouter les musiques de femmes de la même façon que l’on écoute celle des hommes ? Ou bien sommes-nous capables d’intégrer, d’accepter et de soutenir qu’une femme, avec son cerveau de femme, avec son corps de femme, peut performer avec la même liberté qu’un homme ?
👉 Les paroles de la chanson « Woods » de T. Swift
👉 Extrait de l’une des performances de Z. de Sagazan sur « Danse »