Un activateur d'égalité réelle

Les Chatouilleuses de Mayotte, militantes engagées et pourtant..

15/12/23 |  

Les Chatouilleuses de Mayotte, militantes engagées et pourtant..

Dans les années 1960-1970, pour défendre le statut de Mayotte, des femmes se sont réunies et pour se battre, chatouillaient leurs adversaires

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Extraits de l’article de Quentin Menu:

(…)Elles, ce sont des Mahoraises. Des guerrières passionnées, des militantes engagées. Mais, alors même qu’elles ont joué un rôle fondamental dans l’histoire de Mayotte, petite île de l’océan Indien, les femmes souffrent de difficultés socio-économiques (monoparentalité, pauvreté, chômage) et restent trop souvent cantonnées au foyer.

Pourtant, dans les années 1960 et 1970, quand il a fallu défendre le statut de Mayotte, plusieurs groupes de femmes ont quitté leurs maisons, laissé leurs enfants et se sont réunies pour chasser les émissaires des Comores, qui voulaient convaincre l’île de suivre les velléités indépendantistes comoriennes. Sauf que les Mahoraises, elles, ne voulaient pas être dirigées par Moroni. Elles avaient choisi la France. Et pour se battre, elles dégainaient… leurs doigts, pour chatouiller leurs adversaires. Ces sorodas (« combattantes » en comorien) de la République s’appelaient les Chatouilleuses.

(…)

Les hommes qu’elles avaient désignés comme porte-parole de leur mouvement sont devenus les détenteurs effectifs du pouvoir : maires, conseillers généraux, députés, sénateurs.

Malgré leur activisme, les Chatouilleuses n'ont pas réussi à s’émanciper. Certes, elles ont pu accéder à l’éducation dans les années 1980. Et aujourd’hui, selon un rapport de l’Insee publié en juillet 2022, les femmes nées à Mayotte sont davantage diplômées que les hommes. Mais les barrières liées au genre demeurent. En 2019, par exemple, elles n’étaient que 27 % à avoir un emploi.

(…)

L'immigration en provenance d'Anjouan, de Madagascar et de l'Afrique continentale crée des crispations dans le 101ᵉ département français.

Les femmes reprennent donc le contrôle. Comme elles l’ont toujours fait, en somme. (…)

Aujourd’hui, ce sont les femmes qui érigent les barrages. Qui manifestent contre l’immigration incontrôlée et jugent la politique migratoire trop laxiste. Qui bloquent les locaux de la Cimade. Ou qui accueillent en masse les hommes et femmes politiques débarqués de Paris lors des campagnes présidentielles ou des visites ministérielles.

(…)

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